Un village solitaire

Suspendu à la montagne et à jamais surveillé par la Sposata, Muna fait partie de ces lieux qui frappent par leur singularité et l’ambiance énigmatique qui habite ces lieux.

A quelques kilomètres seulement de Rosazia et de Murzo, ses maisons construites en escalier sur le flanc de la montagne se sont progressivement vidées de leurs habitants à partir de la Première Guerre Mondiale.

Et même s’il n’a jamais été totalement abandonné, la vie ne reprend à Muna qu’avec l’arrivée des beaux jours et des visiteurs venus s’imprégner du passé.

A l’origine…

Village fondé en 1740 pour les besoins de l’exploitation forestière en plein essor, Muna s’est construit en escalier sur les pentes de la Sposata.

Le bois exploité alors est acheminé jusqu’au littoral via le fleuve Liamone pour son exportation. Il sert entre autres à la fabrication de mâts de bateaux.

L’accès au hameau est très difficile et long et se fait via un sentier muletier qui traverse les calanche de Muna sur une dizaine de kilomètres.

Malgré les difficultés et l’isolement, Muna vit en parfaite autonomie grâce à ses ressources nombreuses issues des cultures, des oliviers, des châtaigniers et de la nourriture que lui apportaient ses « arbres à pain » et ses troupeaux d’ovins, son moulin et ses fours à pains.

Se ressourcer au cœur des pierres

«  Pour moi, c’est un lieu de pèlerinage, à chaque fois que l’occasion m’en ai donnée j'adore venir me ressourcer là au cœur de ces pierres, de tenter de comprendre et d’imaginer ce que fut la vie de ces ruines. C’est un endroit merveilleux rempli d’émotions » 

commentaire d'une jeune femme originaire de Moselle.

Un lieu chargé de souvenirs

Du haut de ses 540m d’altitude, Muna s’ouvre sur une vue panoramique exceptionnelle jusqu’à la mer au loin, qui appelle à la contemplation.

C’est en parcourant le village que l’on fait petit à petit un retour vers un passé pas si lointain, rythmé au son du clocher de l’église et des rires des enfants sortis de l’école. Ecole qui a accueilli jusqu’à 50 enfants.

Mais c’est aussi ici que l’on va ressentir la triste vérité de ses enfants du village, partis pour la Première Guerre Mondiale et qui ne reviendront jamais…

Une plaque commémorative installée sur le mur de l’Église rend hommage aux enfants de Muna, qui a payé un lourd tribu lors de cette guerre, comme bon nombre de communes insulaires. 

Femmes et enfants restants quittent le village au fur et à mesure. De plus en plus silencieux, Muna s’éteint petit à petit jusqu’en 1974 où le dernier habitant décida finalement de quitter les lieux.

Fiers de l’héritage de leurs ancêtres, les descendants des habitants de Muna ont choisi de préserver ce hameau coûte que coûte et pourquoi pas le faire véritablement revivre un jour.

Fermez les yeux…

…et imaginez

Si vous décidez de visiter Muna, posez-vous calmement, fermez les yeux et laissez-vous porter par la magie de ses pierres chargées d’histoire.

Alors, vous entendrez sûrement les murmures des femmes qui s’affairent à leurs tâches quotidiennes et les rires des enfants jouant et courant dans les ruelles étroites. 

Arrêtez-vous un instant dans sa petite église datant du 17e siècle qui a été restaurée. Là, recueillez-vous en vous imaginant, un dimanche matin, au milieu des 100 habitants venus assister à la messe.

Un véritable voyage dans le passé…

Comment s’y rendre ?

Autrefois, Muna n’était accessible que par un sentier muletier qui allait jusqu’à Rosazia.

Abrupt et accidenté, ce sentier longeant les courbes du Liamone sur plus d’une dizaine de kilomètres se révélait alors extrêmement dangereux.

Mais c’est grâce notamment au chanteur Antoine Ciosi, qui a repris une chanson des frères Vincenti appelée « L’Omu di Muna« , que les choses ont bougé. En effet,  en 1987, le sentier muletier est alors remplacé par une route départementale goudronnée.

Il vous faut donc rejoindre dans un premier temps le village de Vico. Puis, une fois arrivé à Vico, vous empruntez la D23 qui va à Murzo.

Au niveau de l’église, tournez à droite pour vous rendre à Muna. Sur la D4, vous passez par Bocca a Verghiu, route très étroite qui longe les calanche de Muna.

Paysages à couper le souffle et sensations garanties au milieu de ces falaises vertigineuses.

Arrivés à destination, vous n’avez plus qu’à lacer vos chaussures de marche pour une petite promenade…